P.E l'Internaute : Vous êtes membre du bureau politique du parti congolais du travail PCT et conseillère spéciale du secrétaire général Pierre Ngolo. D'où vous vient cet intérêt pour les affaires publiques ?
Arlette Soudan-Nonault : Je ne suis pas descendue de la lune pour tomber en politique. Je l'ai côtoyée dès mon plus jeune âge en étant tout simplement la fille de mon père le sénateur Jean-Pierre Nonault ancien ambassadeur à Moscou puis à Paris et qui est aujourd'hui encore l'une des figures historiques du PCT.
J'ai par la suite développé et enrichi cet intérêt dans le cadre de ma vie professionnelle comme journaliste à radio Congo où j'ai animé un talk-show très politique puis une chronique hebdomadaire jusqu'à il y a peu.
J'ai observé au plus près la politique sous tous ses aspects en travaillant au sein d'une présidence sous Pascal Lissouba. Mais ce qui m'a déterminée à m'engager c'est ma passion pour l'éducation. Après avoir fondé l'Institution Saint François d'Assise de Makabandilou je me suis décidée à sauter le pas.
Internaute: Pourtant la politique et l'éducation cela n'a à priori rien de commun...
ASN : Au contraire. Il n'y a pas de développement sans éducation et pas d’éducation sans politique éducative. Si l’on veut influer sur les décisions de l'État en faveur de la jeunesse qui est le présent et l'avenir du Congo, faire de la politique est indispensable.
Je ne conçois pas la politique comme une course aux postes, à l'enrichissement personnel et aux honneurs. Je la comprends au sens noble et premier du terme : Être au service de la cité et des citoyens.
Internaute : Vous avez travaillé auprès de Pascal Lissouba et vous êtes aujourd'hui proche de la direction du PCT. N'y-a-t-il pas une contradiction ?
ASN : Non, une évolution. Mon itinéraire et la démonstration qu'en politique rien n'est figé surtout dans un pays comme le Congo où ce qui oppose les partis politiques n'a rien à voir avec l'idéologie.
J'ai travaillé pendant trois ans au sein du cabinet présidentiel sous Lissouba et j'y ai beaucoup appris.
J'ai pris un peu de recul en France où réside ma famille avant de revenir au Congo pour y fonder un complexe scolaire. Si j'ai ensuite rejoint le PCT, c'est une démarche intellectuelle et de conviction qui m'a mené là et non pas une adhésion les yeux fermés pour je ne sais quelle raison alimentaire ou identitaire. Quand je m'engage je le fais les yeux ouverts en pleine connaissance de cause. Je crois que c'est beaucoup plus sain ainsi.
Internaute : Il n'empêche vous auriez pu adhérer à un autre parti ?
ASN : Le PCT est le premier parti du Congo et le plus ancien. C'est une matrice historique d'où sont issus la plupart des hommes politiques de ce pays y compris ceux qui aujourd'hui font profession d'opposants.
Pourquoi aller rejoindre des pâles photocopies quand on a l'original à portée de main ?
Surtout que le PCT a su lui évoluer.
Il était marxiste il est devenu social-démocrate.
Certes il reste du chemin à faire pour que le PCT s'approprie dans son fonctionnement et ses mentalités ce changement d'orientation. Mais il a su lors de son sixième congrès se remettre en question.
Il est donc de loin le mieux placé pour insuffler au sein de la population les règles de la culture démocratique.
Internaute : Les observateurs vous donnaient parmi les favorites pour le poste de secrétaire exécutive nationale de l'organisation des femmes du Congo finalement attribué à Jeanne Dambendzet.
C'est votre premier échec en politique ?
ASN : Non puisque je n'étais pas candidate déclarée pour cette fonction que Jeanne Dambendzet remplit avec le dévouement qu'on lui connaît. Si j'ai été très présente pendant ce congrès constitutif de l'organisation des femmes du Congo c'est parce que sans être pour autant féministe je pense qu'il faut accompagner et encourager nos femmes à prendre toute la place qui leur revient sur la scène politique et que le PCT rénové à tout a y gagner.
Maintenant il est vrai qu'à la fin du congrès une sorte de consensus à poussé de nombreuses femmes à souhaiter que je me porte candidate.
Internaute : Pourquoi ne les avez-vous pas écoutées ?
ASN : Je les ai écoutées et je les ai remerciées. Mais la politique c'est aussi, quand on a pris une décision, savoir s'y tenir.
Internaute : Vous avez créé Athéna, un cercle de réflexion très axé sur la jeunesse. Dans quel but ?
ASN : Athéna est né d'un constat et d'une demande. Le constat : Il est temps d'écouter la jeunesse congolaise.
Dans les domaines de l'emploi, de la formation, de l'insertion et de la politique au sens large la génération montante a des choses à nous proposer et à nous apprendre. La demande :Ma démarche est née de la demande informelle de jeunes qui se reconnaissent dans ma façon à la fois spontanée mais intransigeante sur les principes ainsi que dans ma volonté de vouloir faire de la politique autrement et de vouloir gouverner autrement.
Nous devons certes respecter, honorer nos aînés et suivre leurs conseils. Mais nous devons aussi respecter le désir d'autonomie de ces jeunes tout en captant leur richesse intellectuelle. Athéna qui est un lieu d'échange et de partage a été créé pour cela.
Internaute : Vous appelez donc a un changement de mentalité de la part de la classe politique au pouvoir ?
ASN : Il faut changer les mentalités mais aussi des comportements. Changer oui. Avons-nous le choix ? Si nous ne changeons pas, si nous ne faisons pas de la politique autrement alors c'est nous qui seront changés.
Internaute : On vous dit ambitieuse. A tort ?
ASN : Il faut être ambitieuse dans la vie mais il ne faut pas se tromper d'ambition. Il y a l'ambition malsaine, celle qui enivre et qui vous pousse à trahir. Et puis il y a l'ambition saine qui est la mienne : Vouloir être là où il faut pour servir au mieux son pays. Vous savez je ne sais ni mentir ni dissimuler. Je suis franche, directe, loyale, je dis ce que je pense et je déteste par-dessus tout l'hypocrisie. Certains diront que dans le monde politique congolais tel qu'il est ce sont autant de défauts. Moi j'ai la faiblesse de penser que ce sont autant de richesses.
P. E - l'internaute
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